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Faits de CO2

16 décembre 2022 - Simon Diotte

Le CO2 pollue nos vies. Pourrions-nous le transformer en ponts, en concombres ou en semelles de chaussures ?

 

p. 22-23, magazine Curium de janvier 2023

Trois entreprises québécoises ont flairé la bonne affaire. Elles captent le CO2 à la sortie des cheminées d’usine ou directement dans l’air ambiant. Tout en endiguant les rejets de gaz à effet de serre, elles accèdent à une excellente matière première pour fabriquer du neuf. Une pierre, deux coups !

Solution béton

La compagnie montréalaise CarbiCrete a mis au point une nouvelle technique de fabrication de béton. Ici, le CO2 remplace le ciment comme agent de durcissement. Le double avantage de ce béton ? Il emprisonne le CO2 de façon permanente dans les constructions, tout en émettant beaucoup moins de CO2 pendant sa préparation.

Des technologies similaires sont développées aux quatre coins du globe. Elles pourraient transformer nos ponts et nos bâtiments en puits de carbone ! Actuellement, la fabrication du béton est responsable de plus de 8 % des gaz à effet de serre (GES) émis par l’humain. C’est plus de cinq fois les GES produits par le Canada !

Chimie de haute voltige

Le secteur de l’aviation produit 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Il faut faire mieux ! Une partie de la solution pourrait venir de Montréal.

L’entreprise Consortium SAF+ développe un carburant synthétique fait de CO2 récupéré et d’hydrogène vert (le plus écolo des hydrogènes : voir Curium # 82).
Son empreinte GES est de 92 % inférieure à celle du kérosène, actuellement utilisé par les avions.

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L’autre bonne nouvelle ? Les avions utilisent le carburant de SAF+ sans aucune modification technique. L’entreprise envisage une production à grande échelle à partir de 2026.

CO2ncombre

La plus belle usine à recycler le CO2 ? Les plantes, bien sûr ! Aux Serres Toundra, à Saint-Félicien, le CO2 de l’usine voisine se transforme en de croustillants concombres ! Mais pour transférer le CO2 de l’usine aux serres, le procédé est moins naturel. Compresseurs et traitements aux enzymes font le travail.

À terme, les serres du Saguenay-Lac-Saint-Jean réduiront leur empreinte carbone d’environ 30 tonnes de CO2 par jour, soit l’équivalent de 6,5 voitures roulant sans arrêt pendant un an.

Aussi faits de CO2

Engrais : en combinant le CO2 avec de l’ammoniac, comme le fait la britannique CCm Technologies.

Agent pétillant : utilisé dans les boissons gazeuses de la danoise Pentair.

Semelles de chaussures de sport : c’est ce que propose l’entreprise helvète On.

Polyester durable : la jeune entreprise française Fairbrics en fabrique.

Plastique recyclable et biodégradable : à partir de CO2 et de butadiène biosourcé, c’est-à-dire fabriqué à partir de matières renouvelables.

Vodka : sa fabrication par la compagnie américaine Air Company absorbe 1 kg de CO2 au lieu d’en émettre 5 kg comme avec le procédé de distillation traditionnel.

Des bémols et des dièses

« Le recyclage de CO2 n’est pas une utopie. Cette solution a un rôle important à jouer dans la lutte aux changements climatiques », soutient Thomas Auvray, docteur en chimie et chercheur postdoctoral à l’Université McGill.

Pour le moment, on ne revalorise qu’une infime quantité du CO2 rejeté dans l’atmosphère. « Pour un véritable impact climatique, on devra multiplier de façon exponentielle la capture et le recyclage de CO2, tout en réduisant nos émissions », poursuit-il.

En pratique, les obstacles sont nombreux :

  1. Le recyclage du CO2 nécessite une grande quantité d’énergie, ce qui en augmente le coût. Au Québec, le problème est moindre grâce aux faibles tarifs de l’hydroélectricité. Il en va autrement ailleurs dans le monde.
  2. Les technologies de capture et les installations de valorisation de CO2
    coûtent extrêmement cher. La rentabilité n’est donc pas toujours au rendez-vous… pour le moment !
  3. Si on brûle du charbon pour alimenter les installations de capture et de transformation de CO2, on risque d’en émettre autant qu’on en recycle. Pas tellement logique ! D’où la nécessité d’utiliser des énergies renouvelables, comme l’hydroélectricité, le solaire ou l’éolien.
La bonne nouvelle ? Les technologies s’améliorent rapidement, levant peu à peu les obstacles au recyclage du CO2. Qui sait ce qui sera possible de faire dans les années à venir ?

CO2 101

Depuis la révolution industrielle, les combustibles fossiles – pétrole, charbon et gaz naturel – sont la principale source d’énergie de nos sociétés. Mais lorsqu’on les brûle, ils dégagent du CO2. La concentration de ce gaz à effet de serre est ainsi passée de 300 parties par million en 1950 à 440 aujourd’hui. En captant et en recyclant le C02, on pourrait faire de cet ennemi climatique un moteur de l’économie circulaire.

Merci à Daria Camilla Boffito, professeure au Département de chimie de Polytechnique Montréal, pour son aide avec cet article.

Franchir de longues distances sans polluer, c’est presque impossible. Mais il existe des manières de réduire cette empreinte environnementale. On a un article là-dessus !

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